Le blog de Mysticlolly

Pédagogie – Apprentissage de la lecture de la TPS au CP

Apprentissage de la lecture de la TPS au CP

« Un enfant qui lit sera un adulte qui pense. »

Aujourd’hui, je vous propose un article, qui sera amené à être complété au fil du temps et de ma pratique, sur un thème qui me tient tout particulièrement à cœur : l’apprentissage de la lecture. Le but de cet article est de me permettre de coucher sur le papier (numérique) ce que j’ai tiré de mes lectures comme grands principes, mes expérimentations (ce qui m’a semblé fonctionner ou au contraire, ce qui a été un échec) avec les élèves (mais également ma propre fille) et les outils que je me suis procurée ou que j’ai créés (à retrouver en fin d’article. J’y placerai également les outils qui ne sont pas encore prêts mais à venir, un peu en mode « pense-bête »). C’est également une invitation aux échanges et discussions avec les collègues, les parents et les orthophonistes !

J’ai largement modifié ma pratique après avoir longuement lu les livres de Céline ALVAREZ et visionné la formation aux enseignants en Belgique qu’elle a généreusement mis à la disposition de tous sur Youtube. Je me suis donc lancée l’année dernière dans l’expérience de l’apprentissage de la lecture dès la TPS, curieuse de voir ce que cela pourrait donner. Cette année, j’ai eu la chance de le faire avec de minuscules effectifs (9 élèves : 1 TPS, 4 PS et 4 MS). Les résultats ont été largement à la hauteur de mes espérances : les 4 MS sont entrés dans la lecture de mots, dont une qui commence à lire des phrases. Chez les PS, 3 sur 4 connaissent le son de la plupart des lettres et commencent à encoder de petits mots dont 1 qui a déjà acquis la combinatoire et qui lit déjà de petits mots. Le dernier PS n’en est pas là, son cerveau a clairement mis le paquet sur le langage oral (nous sommes passés de mots isolés à des phrases complexes en moins d’un an) ! Il poursuivra donc à son rythme l’an prochain, je n’ai absolument aucune inquiétude ! Ma TPS est arrivée en période 4 et n’a été scolarisée à plein temps qu’en période 5. Nous avons commencé à lui donner le son des lettres de son prénom mais ma priorité sur les enfants de cet âge est le développement des fonctions exécutives et du langage !

Cependant, j’ai hâte de pouvoir l’expérimenter avec un effectif plus important et plus de niveaux : 20 élèves de la TPS au CP m’attendent de pied ferme à la rentrée ! Affaire à suivre donc !

Avant tout chose, je vous invite vivement à visionner les 4 petites vidéos réalisées par Céline ALVAREZ et dans lesquelles elle explique très simplement comment apprendre à lire aux enfants. J’invite chaque année les parents à les regarder afin de leur permettre de bien comprendre ce choix pédagogique que j’applique dans ma classe et de les inviter à aller dans le même sens à la maison. Je trouve vraiment essentiel de faire entrer les parents dans la boucle, ça donne beaucoup plus de force à ce que l’on transmet aux enfants. Ils jouent le jeu de ne plus donner le nom des lettres mais le son, comme nous le faisons en classe et cet apprentissage va ainsi beaucoup plus vite.

Étape 1 : donner aux enfants le son des lettres (ou entrée graphémique)

L’apprentissage de la lecture commence donc dès que l’enfant montre de l’intérêt pour les lettres. On peut alors lui présenter systématiquement les lettres en lui donnant le son qu’elles font plutôt que le nom (le son le plus fréquent : par exemple, pour la lettre C, on donne le son [k] bien plus fréquent que le son [s] pour cette lettre). C’est la fameuse entrée graphémique.

Progressivement, l’enfant apprend donc le son de chaque lettre de l’alphabet. On peut également rapidement commencer à lui donner le son des premiers digrammes (OU CH OI ON AI GN AN). Les lettres magnétiques de Céline ALVAREZ sont pensées dans cette optique et le codage couleur utilisé est pertinent : rouge pour les voyelles, bleu pour les consonnes et vert pour les digrammes.

Chez les plus petits (dès la TPS) mais aussi chez les enfants à qui on a donné le nom des lettres, cet apprentissage peut se faire de façon informelle quand l’enfant montre des lettres dans son environnement ou sous forme de jeux du type loto, mémory, « j’ai… qui a… » mais également par le biais de leçons en 3 temps (répète – montre-moi la lettre qui chante…  – dis-moi ce que chante la lettre que je te montre).

En parallèle, nous allons travailler la conscience phonémique avec les boites de sons, la chasse aux objets qui commencent par… Dans la classe, j’ai investi dans des boites toutes prêtes mais il est tout à fait possible de se fabriquer les siennes (les Playmobils, les petits objets du quotidien sont parfaits pour ça !). On peut aussi utiliser des images, mais ça ne permet pas la même manipulation par les petites mains. Quand je sors les petites boites d’objets pour les petits, leurs yeux pétillent ! L’effet n’est pas le même avec des images !

Étape 2 : Encoder des mots

Dès qu’un enfant commence à connaitre le son d’une dizaine de lettres et digrammes, on peut rapidement lui proposer des activités d’encodage de petits mots : dictées muettes (La classe de Moscaïa en propose de nombreuses très chouettes sur son compte Instagram), écriture de mots avec des lettres mobiles ou sur l’ardoise s’il sait déjà écrire.

Attention de ne pas bâcler cette étape ! Elle est essentielle pour permettre aux enfants de bien comprendre le mécanisme de la lecture.

On peut tester et exercer la combinatoire avec de petits jeux comme le jeu de la voiture : sur un tapis, on place une consonne et en face, plusieurs voyelles. L’enfant place la voiture sous la consonne. On fait chanter la consonne tout en avançant la voiture. Au moment où la voiture arrive sous une des voyelles, on se met à faire chanter la voyelle : SSSSSSSS ———> AAAAAAA : SSAAA.

C’est en général un petit test ludique qui me permet de voir si les enfants ont enclenché la combinatoire ou pas. Si ce n’est pas le cas, nous poursuivons le travail d’encodage. En effet, c’est en apprenant à coder que les enfants deviennent capables de décoder.

Étape 3 : Décoder/lire des mots

Dès que les enfants parviennent à encoder des mots de plusieurs syllabes seuls et que la combinatoire est installée, les enfants peuvent cette fois s’exercer à décoder (à lire) avec tout un tas d’ateliers :

Fabrique à syllabes, imagiers (mot d’un côté et image derrière : Céline ALVAREZ en a réalisé deux magnifiques, j’en ai également fabriqué pour ma classe afin de pouvoir y ajouter les mots que je souhaite), association carte-mot/carte-image, jeu de carte « j’ai… qui a … ? », cartes à pinces.

A ce stade, on évite de proposer sur un même support un mot et son illustration afin d’éviter la lecture globale ou lecture devinette. J’utilisais des cartes à pinces avec un mot à lire et 3 images réponses. J’ai fini par arrêter et proposer à la place des cartes à pinces avec une image et 3 mots réponses : plus de devinette possible (même si les enfants peuvent parfois se contenter du premier son pour « deviner », on reste dans la logique de trouver les graphèmes qui codent les sons entendus dans le mot-image).

Enfin, lorsque les enfants décodent facilement des mots, nous pouvons leur proposer de petites phrases à lire : des phrases les invitant à faire quelque chose (« Marche vite dans la classe », « Chante une chanson », « Souffle sur la table », « Tourne sur toi trois fois. »…), des phrases à associer à la bonne image (les cartes APILI m’ont l’air parfaites pour ça et existent en 4 niveaux de difficulté, par contre, les phrases sont en minuscule scripte, je pense que je les reprendrai pour les avoir également en capitales pour mes plus petits lecteurs).

A partir de là, les enfants peuvent attaquer leurs premiers livres ! C’est une grande fierté pour eux et une immense source de motivation pour leurs camarades qui les voient lire seuls des livres (ou leur lire des livres à la place de la maitresse) ! Ces enfants-là peuvent alors préparer des lectures à offrir à leurs camarades et ça, c’est une des plus belles récompenses en classe ! Si vous disposez d’une Bookinou, vous pouvez également proposer à vos jeunes lecteurs des activités d’enregistrement d’albums pour la classe ! Cela leur permettra d’aborder le travail d’intonation et de mise en voix des textes.

Lorsqu’on arrive à cette étape, de nombreux ouvrages existent pour permettre à nos élèves de développer leur goût pour la lecture : Les lectures naturelles niveaux 1 et 2 de Céline ALVAREZ qui ont le gros avantage pour des élèves de maternelle d’utiliser des capitales et le codage des lettres (gris pour les lettres muettes, vert pour les digrammes), la collection « Mes premières lectures spécial maternelle » des éditions Larousse là aussi en capitales et existant en 2 niveaux de lecture. Pour la suite, on passe sur de l’écriture scripte et là… on trouve des ouvrages pour tous les goûts, que ce soit les Sami et Julie, les Disney, les Marvel tous aux éditions Hachette.

C’est ce qui me semble formidable dans l’optique de travailler avec des élèves de la TPS au CP car les enfants auront sous les yeux, à chaque étape de leurs progrès, ce à quoi mène tout le travail fait en classe autour de la lecture.

N’oublions pas de travailler le vocabulaire et la compréhension

Bien entendu, l’apprentissage de la lecture ne peut se limiter à l’apprentissage du code. Il est essentiel de travailler en parallèle la compréhension. Les ouvrages Narramus de chez Retz sont parfaits pour accompagner les élèves dans ce travail : vocabulaire, implicite, chronologie… Je les utilise depuis plusieurs années et ils ont toujours autant de succès chez mes élèves ! Et la collection s’est tellement développée, qu’il y a aujourd’hui de quoi proposer du contenu aux enfants de la PS au CE1 ! Travailler la compréhension à l’oral permet de ne pas se limiter à ce que les enfants sont capables de déchiffrer et d’aborder des textes plus riches.

Si on le peut, il est formidable de pouvoir se rendre régulièrement à la bibliothèque pour nourrir cet amour des livres ! Si en plus, les enfants peuvent en emprunter pour la maison, c’est encore mieux !

Boite à outils

Outils pour l’étape 1 :

Les lettres magnétiques de Céline Alvarez : j’en ai acheté 2 boites pour ma classe et je pense en racheter une autre pour la rentrée. C’est un outil quotidien dans ma classe pour travailler le son des lettres, composer des mots. Le codage couleur est super bien pensé : rouge pour les voyelles, bleu pour les consonnes et vert pour les digrammes. Leur côté magnétique permet de les manipuler également directement au tableau.

Les pots phoniques : on les trouve chez plusieurs revendeurs. C’est un matériel onéreux mais qui permet de gagner du temps. Ils sont tout à fait bricolables maison avec des accessoires Playmobils ou de petits objets du quotidien. J’essaierai de faire une liste de mots-objets par son d’attaque pour vous aider dans vos recherches si vous décidez de vous les fabriquer. Pour les plus petits, je travaille uniquement 2 sons dans un premier temps et des sons bien différents et glissants (un son voyelle et un son consonne glissant comme AAAA et VVVVV ou deux sons consonnes glissants mais bien différents comme RRR et SSS). Progressivement, je passe à 3 sons et j’ajoute des consonnes nasales et « plosives » comme T, D, etc. Je présente systématique la lettre qui code le plus fréquemment le son quand je sors les objets de la boite.

Mur sonore interactif : j’ai investi cette année dans le mur sonore interactif d’Easytis. J’ai inséré les lettres de l’alphabet et quelques digrammes pour que le son des lettres soit en permanence à disposition des enfants dans leurs activités (pots phoniques, encodage). Les enfants adorent l’utiliser ! Je vous ajoute l’affiche des lettres encodées comme celles de Céline Alvarez (avec la police MDI école) ainsi que les lettres à découper pour insérer dans le mur sonore : Alphabet Céline Alvarez

     

Jeu de carte « J’ai… qui a… ? » (à venir)

Mémory des lettres (à venir)

Loto des lettres (à venir)

Outils pour l’étape 2 :

Dictées muettes : j’utilise celle de La classe de Moscaïa ! Elle a créé une série rose, une série bleue et une série verte. Sur chaque carte, on trouve les lettres nécessaires pour coder le mot représenté en image. Une fois que les enfants les ont sorties, ils doivent les mettre dans le bon ordre pour écrire le mot. Vous les trouverez sur le drive de son compte Instagram.

Les cartes mots : j’ai déjà réalisé un article pour vous décrire l’utilisation que j’en fais en classe. Elles peuvent servir de support pour l’encodage, pour la lecture. C’est un cran plus difficile que les dictées muettes de La classe de Moscaïa puisqu’il n’y a que l’image du mot et c’est à l’enfant de trouver seul les sons et les lettres pour coder le mot.

Outils pour l’étape 3 :

La fabrique à syllabe (version modifiable) : un petit outil qui existe depuis longtemps dans de nombreuses classes qui permet aux enfants de s’entrainer à lire de petites syllabes de plus en plus vite. Je vous conseille de l’imprimer en version 4 par page pour de petits carnets faciles à manipuler par les petites mains (sur les photos, le carnet est en A4, c’était un premier essai). Cette version est en capitales avec la police MDI école et le codage des lettres de Céline Alvarez mais j’envisage d’en faire une version scripte et une version cursive.

Cartes à pinces (version modifiable) : Sur ces cartes, l’enfant retrouve un mot-image et 3 propositions de mots. Il doit donc déchiffrer ces mots pour faire son choix. Il place ensuite une pince à linge sur sa réponse. Les mots de la série rose sont des petits mots de 2-3 lettres (une syllabe), les mots de la série bleue sont des mots à plusieurs syllabes et les mots de la série verte comporte des digrammes.

    

Jeu du « J’ai… qui a … ? » (à venir)

Imagiers de Céline Alvarez : ce sont de beaux livres aux pages très épaisses. Sur une double page, on trouve un mot écrit avec les lettres magnétiques et l’illustration. Les images peuvent parfois inciter les enfants à deviner au lieu de décoder, du coup, j’utilise un cache. On retire le cache une fois que le mot a été déchiffré pour valider. Je me suis également fabriqué un imagier sur le même modèle mais en plaçant l’illustration au verso et en ajoutant de nouveaux mots. Je ne le partagerai pas ici car il est beaucoup trop inspiré du travail de Céline Alvarez mais voici quelques photos pour vous montrer à quoi il ressemble :

 

Cartes de lecture APILI : Je me suis commandé les 4 jeux de cartes de la méthode APILI (j’ai également fait l’acquisition de la méthode de lecture de Benjamin Stevens du même nom, je compte m’en servir l’année prochaine avec mes CP. Je vous en reparlerai quand j’aurai pu l’expérimenter). A une carte illustrée, l’enfant doit associer une carte-phrase. Il s’agit ici de travailler la lecture-compréhension. Les illustrations sont super chouettes et les phrases rigolotes. Le jeu de carte à l’unité coûte 24,90 € et les niveaux 1 et 2 me semblent déjà très suffisants (les niveaux 3 et 4 permettent de travailler les graphies complexes mais ne me semblent pas indispensables sous ce format). Les phrases sont écrites en scripte minuscule avec un codage des syllabes et des lettres muettes pour le  niveau 1. Pour les niveaux suivants, ce sont uniquement les sons travaillés qui sont mis en couleur. Pour le niveau 1, je pense que je me créerai des cartes-phrases en capitales et peut-être également en cursive.

Phrases d’actions (à venir) : sur le principe du « je lis, je fais » afin de travailler la lecture-compréhension.

Bibliothèque – une fois les élèves capables de lire avec un peu d’aisance des mots et de petites phrases, je  leur proposerai de vrais livres à lire dont voici une petite sélection :

Les lectures naturelles de Céline Alvarez aux Éditions Les Arènes. Elles reprennent les contes classiques avec le codage des digrammes et des lettres muettes, le tout en capitales. Elles existent en 2 niveaux de lecture. Dans le 2ème niveau, apparaissent les digrammes ER et EN ainsi que les mots-outils ET EST UN EST que je présenterai à mes élèves comme des digrammes. Laura qui tient le compte et le site du même nom « L’atelier de l’orthophoniste« , que je vous recommande absolument de suivre, aborde le sujet délicat des « mots-outils » et explique pourquoi il est important de ne les proposer aux élèves qu’à partir du moment où ils sont en mesure de les décoder.

Lorsque les enfants lisent avec aisance le niveau 2, on pourra alors passer à tout le reste de la littérature jeunesse dédiée aux jeunes lecteurs : Mes premières lectures spécial maternelle, Mes lectures du CP avec Loup des Éditions Auzou, la collection des Sami et Julie et celles des grands classiques (Disney, Marvel)…

 

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