En début d’année scolaire, j’avais été contactée par les éditions Le Robert concernant le livre de Anne-Marie Gaignard : « Hugo et les rois Être et Avoir », me proposant d’écrire un petit article au sujet de l’ouvrage. C’est avec plaisir que je me plie à l’exercice, ayant eu le livre en main, et l’occasion de le découvrir par moi-même.
L’ambition de la méthode est grande, je cite : « LA méthode pour ne plus faire de fautes ! ». Vérifions tout ça !
A travers un conte de fées grammatical, on découvre Hugo, « nul en orthographe », qui pleure le soir dans son lit les veilles de dictées ! On en a tous des comme ça dans nos classes et certains d’entre nous l’ont peut être même vécu ! Une chose est sûre, nos petits élèves devraient facilement pouvoir se glisser à la place de ce petit garçon !
Hugo va faire la connaissance de la fée Nina qui va lui proposer de gagner 5 clés magiques afin de ne plus faire de fautes d’orthographe :
- La 1ère clé est celle de l’accord du participe passé (en -é, en -i et en -u) avec le verbe être au passé composé : « Les girafes sont parties dans la savane ». A cette occasion, Hugo rencontre le gentil roi Être !
- La 2ème clé est celle qui permet d’accorder le participe passé utilisé en tant qu’adjectif : « …sur la photo accrochée au mur. » : le verbe être est alors caché. Avec la question « Qui est-ce qui est accroché au mur ? » on le fait apparaitre :o)
- La 3ème clé est celle de l’accord du participe passé dans le cas d’une phrase à la voix passive et au passé composé : « Les chasseurs ont été poursuivis par les gorilles. » : être et avoir sont tous les deux présents, c’est la « bataille » et comme on est dans un conte, c’est le gentil verbe Être qui gagne, donc on accorde avec le sujet !
- La 4ème clé signe la rencontre de Hugo avec le méchant roi, le roi Avoir : Hugo apprend alors à accorder ou non le participe passé quand il est avec l’auxiliaire avoir : ici pas de COD ou de COI, on reste dans l’imaginaire, on pose un mur après le verbe et on pose la question QUOI ? Si la réponse est après le mur on n’accorde pas si on doit ressauter le mur pour trouver la réponse, on accorde donc le participe passé avec la réponse à la question ! « Les jaguars ont gagné | la course contre les lions. », « La gazelle que le lion a attendue | dort encore. »
- La 5ème et dernière clé est celle de l’accord du participe passé dans le cas des verbes pronominaux. « Ma sœur s’est acheté des bonbons » et « Les bananes que les singes se sont partagées étaient mûres. » : Ici Hugo apprend à démasque le traitre roi Avoir, en effet on pourrait dire « Ma sœur a acheté des bonbons à elle. » ou « Les bananes que les singes ont partagées pour eux. »
Au-delà de ces 5 clés, Hugo va également apprendre que lorsque deux verbes se suivent, le deuxième est à l’infinitif, qu’un verbe précédé d’une « escorte » (une préposition) est à l’infinitif, il va apprendre à repérer les sujets dangereux (« Aucun des habitants du royaume ne souhaite voir Hugo en difficulté. » et enfin à savoir si un nom se terminant par -é doit s’écrire -é ou -ée.
Ce que j’en pense ? Le livre est beau, de belle qualité, les illustrations sont agréables et participent bien à la compréhension. L’enseignement du français est toujours très difficile, voire rébarbatif. Depuis que j’ai découvert la méthode « Réussir son entrée en grammaire au CE1 » de Retz, j’ai compris que les enfants avaient besoin de « vivre » leur langue, de toucher, de manipuler, de visualiser. Le livre « Hugo et les rois Être et Avoir » utilise ce principe et peut aider à donner de vraies « clés » aux enfants pour surmonter les difficultés extrêmes de la notion d’accord du participe passé au passé composé ! Quel enseignant ne s’est jamais arraché les cheveux en voulant expliquer le COD, le COI, qu’un coup on accorde, un autre on n’accorde pas.
C’est à mon avis un apprentissage qui prend beaucoup de temps avant de devenir un automatisme (il n’y a qu’à voir le nombre d’adultes qui ne maitrisent pas cet accord… et on demande à des CE1 de le comprendre, oui oui !).
Pouvoir s’appuyer sur un conte comme celui d’Anne-Marie Gaignard peut donc aider à rendre cet apprentissage moins douloureux ! Je ne pense pas cependant que ce soit une recette miracle, ça reste parfois très compliqué (comme avec les verbes pronominaux), il vaut mieux qu’à la sortie du CM2 vos élèves sachent nommer une préposition (j’imagine la tête des profs de français qui entendraient en 6ème parler d’escorte !), un COD et un COI. Enfin bon, j’ai envie de dire que s’ils ont compris comment appliquer la règle, mettre des mots « experts » sur cette règle sera un jeu d’enfant !
Je pense donc que j’utiliserai ce conte avec mes élèves, par petites touches en avançant doucement et en attendant qu’une notion soit bien comprise avant d’en découvrir une nouvelle (histoire de ne pas trop se mélanger les pinceaux !), en parallèle de leurs exercices d’entrainement sur plan de travail.
Pour ceux qui auraient des Ipads, la version interactive, animée et sonorisée est disponible sur l’iBookstore ! Impossible de vous faire un retour, n’ayant que des tablettes sous Android… J’espère que l’éditeur trouvera rapidement le temps de proposer la même chose sous Android !
En conclusion, je dirai que cet ouvrage est intéressant à utiliser en complément de vos séances sur le passé composé, il ne s’y soustrait cependant pas ! N’imaginez pas que la simple lecture de ce conte fera maitriser d’un coup de baguette magique cette notion extrêmement complexe à vos élèves. Il reste cependant un très bel outil qui vous permettra de mettre un peu de magie et de fantastique dans vos séances de français !
Coucou! un de mes anciens élèves me l’a apporté en debut d’année… sa maman inquiete lui avait acheté! J’ai trouvé l’idée sympathique et ton analyse me conforte dans mon ressenti! merci pour cet article!
bizzz
Oui c’est ça, l’idée est sympathique, mais il n’y a rien de miraculeux ! Et puis avec le prédicat… on n’a plus à se soucier des COD et COI, on laisse le bébé aux collègues du collège hihi 😛
Il faut écrire « début », « inquiète » et « le » lui avait acheté.
J’avais également acheté ce livre lors de sa sortie…. après avoir lu le livre d’Anne-Marie Gaignard « La revanche des nuls en orthographe » . Je confirme ton ressenti il met un peu de poésie dans la grammaire mais est loin d’être une solution miracle car je pense franchement qu’il n’y en a pas! Pourtant j’avais vraiment voulu y croire…oui, je me remets toujours en question même après 20 ans de carrière (contrairement à ce que beaucoup pensent). Ce qui m’agace , c’est de faire croire au grand public que cette solution miracle existe et que les enseignants n’ont pas été capables de la trouver voire n’ont pas eu envie de la trouver!!
Oui j’avoue que dès que je lis « solution miracle »… Tout mon sens critique se met en mode « alerte » ^^
Étudiante dyslexique et TDA, je vous livre la méthode miracle : lire à l’enfant, lire avec l’enfant, pousser l’enfant et le jeune adolescent vers la littérature et enfin, la rédaction. Qu’il rédige des histoires, qu’il prenne des notes manuscrites. Enfin, l’autocorrection avec le dictionnaire, s’amuser à trouver des synonymes, des antonymes, explorer les figures de style et enrichir son vocabulaire. Le tout prend des années. Les exercices « bêtes et méchants » ne sont d’aucune utilité. L’attention n’y est pas. Il faut plutôt stimuler la créativité et pousser l’enfant à être curieux.
Merci pour cet éclairage très intéressant et motivant. Enseignante en cycle 3 je m’efforce de m’appuyer sur les besoins des élèves dyslexiques pour adapter mon enseignement pour la classe entière.
Merci encore
Bonjour, ton article est très intéressant car j’avais envie d’acheter ce livre pour compléter mes formations en orthographe. J’enseigne à des adultes en formation continue et, à chaque fois, je constate une vraie difficulté avec ces règles.
Faites attention, toutefois : un de ces adultes en formation continue pourrait fort bien vous opposer des extraits d’ouvrages d’Anne-Marie Gaignard où on trouve des énormités : « dans les couleurs, ‘orange’ s’accorde » ; » ‘avoir l’air’ est une exception et se comporte comme le verbe ‘être’ » (ignorance du double régime de cette expression) ; « qui est-ce qui se sont partagé ? » (en introduction à une explication, qui plus est !) et autres horreurs de français. Si j’interviens, c’est parce que ces imposteurs qui se bombardent « coachs en orthographe » sont très dangereux pour les gens qui sont sincèrement en difficulté : en effet, ceux-ci font des erreurs parfois nombreuses mais pouvant être corrigées du jour au lendemain par la lecture ; mais dès lors qu’avec confiance ils se font induire en erreur par un faux expert leurs fautes sont durablement cimentées.
Bonjour, je viens déposer ici le point de vue d’une élève! Je me rappelle que ma prof avait utilisé ce livre quand j’étais en primaire pour aider la classe à mieux comprendre ces notions. Pour moi, c’était vraiment ce qui a changé ma capacité à accorder les verbes. La prof nous l’a lu quelques fois, et après ça, tout était beaucoup plus intuitif. Je conseille donc vivement, je sais que sur le moment (je devais être entre CE2-CM2) j’avais adoré l’histoire, ainsi l’aide qu’il m’a apporté sans que je doive mettre trop d’efforts.
La preuve, j’ai aujourd’hui 19 ans et j’utilise toujours les techniques mentionnées, même si c’est fait plus rapidement et un peu plus inconsciemment maintenant. 🙂