J’ai donc eu l’idée d’utiliser la fusée des émotions que j’ai réalisée pour ma classe. Toutefois, la multitude d’émotions que je propose n’est pas toujours évidente pour les enfants, qui ont du mal à identifier celle qui correspond vraiment à leur état. Je me suis donc attelée à rédiger, pour chacune d’entre elles, une façon de verbaliser le contexte qui la déclenche et le besoin qui y est généralement rattaché. De cette façon, il est plus facile pour les enfants, mais aussi pour nous, de l’identifier et d’en parler
Petit exemple tout frais de ce midi : le grand qui avait fini son plat est allé chercher son dessert. Le plus petit allait le suivre, mais nous savons que c’est généralement quand ils y vont ensemble qu’ils se disputent. Comme son assiette n’était pas tout à fait terminée, nous lui avons demandé d’attendre que son frère soit revenu s’asseoir avant d’y aller à son tour. Il s’est alors mis à bouder et impossible d’en sortir un mot !
J’ai pu utiliser la fusée en lui disant que je pensais qu’il se sentait déçu et frustré parce qu’il n’avait pas pu faire ce qu’il voulait. Il a fini par dire qu’il avait envie d’y aller avant son frère. Du coup, je lui ai proposé d’aller choisir son dessert avec lui en lui disant qu’il serait dommage que sa frustration le prive de son dessert. Il n’a plus voulu de dessert malgré tout mais le simple fait d’en avoir parlé, il n’est pas resté fâché et a fait sa part pour débarrasser la table !
Je vous avais partagé ce travail en story Instagram et vous avez été nombreux à me demander si j’allais la partager, je vous la propose donc en plus des autres fusées, en bas de cet article : « Fusée des émotions – aide à la verbalisation » en modifiable et PDF, pour que vous puissiez l’ajuster à vos propres besoins !
Il y a quelques temps, une personne de passage sur le blog m’avait dit en commentaire, être à la recherche d’une fusée des émotions qu’elle avait vue dans un reportage de LCI. La question de la gestion des émotions revient régulièrement à l’école et elle est loin d’être simple à résoudre.
Me souvenant de ce commentaire, j’ai pris le temps d’aller visionner le petit reportage où je découvrais cette expérimentation sur l’empathie menée dans une classe de CE2 à Trappes dans le cadre des recherches de Omar Zanna de l’Université du Mans.
Le principe énoncé par cet enseignant-chercheur m’a interpellée et donné réellement envie de travailler cette empathie de manière plus formelle dans ma classe, je cite : « Mettre des mots sur des émotions que l’on ressent, c’est se mettre à distance de ses émotions et donc éviter de passer à l’acte et que la colère ne se transforme en violence« .
Tous nos élèves ressentent des émotions, parfois très violentes. Certaines sont immédiatement visibles, quand elles sont exprimées dans des crises de colère ou de pleurs. D’autres, plus insidieuses, passent totalement inaperçu et peuvent être de véritables poisons pour ces élèves. Elles peuvent notamment être générées dans des cas de harcèlement, notion malheureusement très à la mode en ce moment.
Travailler avec nos élèves sur les émotions qu’ils peuvent être amenés à ressentir, apprendre à mettre des mots dessus et surtout, à les partager avec le reste de la classe, c’est, comme le disait Omar Zanna, apprendre à se distancier de ses émotions. C’est aussi pour les autres, apprendre à faire preuve d’empathie. A partir du moment où je peux percevoir la peine, la gêne, la colère que je suscite chez l’autre, je peux prendre conscience que mes mots ou mes gestes peuvent avoir des conséquences.
Dans une société où notre égocentrisme est stimulé quotidiennement, développer chez nos petits, dès le plus jeune âge, cette connaissance des émotions (et donc de soi), l’empathie envers les autres, apprendre à la gérer grâce à la relaxation ou des initiations à la méditation est une mission essentielle de l’école et des parents (car bien entendu, cet apprentissage ne peut se limiter à l’école, c’est une véritable collaboration parents-école que l’on devrait rechercher).
Dans le même sens, au Québec, j’avais déjà entendu parler plusieurs fois de leur gestion des conflits à travers la méthode des 5 C résumée sur l’affiche ci-contre du Centre de Formation Sociale Marie-Gérin-Lajoie à Montréal : calmer les sentiments, communiquer, chercher des solutions, choisir la meilleure et cultiver la paix ! Des outils, des habitudes simples qui permettaient de résoudre les problèmes de manière pacifique.
En classe, quelques ouvrages m’ont beaucoup plu pour découvrir la maitrise de soi au travers de la méditation ou de la relaxation pour les plus petit, du yoga, notamment le célèbre « Calme et attentif comme une grenouille » et « Comptines de relaxation » de chez Nathan qui n’est plus disponible dans la version que je possède mais qui a été réédité avec de nouvelles versions en prime (méditation et yoga). En voici quelques-uns que vous pouvez trouver sur Amazon ou dans n’importe quelle librairie, ceux de Nathan sont particulièrement adaptés aux petits de maternelle, tandis que « Calme et attentif comme une grenouille » convient mieux à partir du CP je trouve, même si certains collègues l’utilisent en GS
Avec mes élèves de maternelle, je compte aborder ce thème grâce à la littérature de jeunesse. De nombreux albums traitent des émotions, comme le célèbre « La couleur des émotions« , magnifique album en pop-up ! Découvrir le vocabulaire des émotions, trouver des situations qui les génèrent, les mimer, les deviner, apprendre à les gérer grâce à la relaxation, c’est le programme que je me suis concocté pour finir l’année.
J’en ai profité pour créer ma propre fusée des émotions. Elle comporte 12 émotions (ce qui est assez conséquent, peut être que pour commencer, je n’afficherai que les principales pour petit à petit introduire les déclinaisons ? A moins que je confie cette tâche à mes collègues des classes du dessus ? Je verrai à l’usage !). Pour que chacun et chacune y trouve son compte, j’ai réalisé une version tout en couleur, une version à fond blanc et une version en noir et blanc pour celles et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un photocopieur couleur (et je sais que c’est un luxe dont nous bénéficions à mon école !). Bien entendu, ces versions PDF ont leur version modifiable (avec Power Point ou Libre Office) afin que vous puissiez l’adapter à votre classe, votre projet et vos ambitions. Par exemple, dans le reportage sur la classe de CE2 de Trappes, ce n’est pas moins de 18 émotions qui figurent sur la fusée !
Petit à petit, j’aimerais que les enfants de ma classe apprennent à identifier leurs émotions et qu’ils viennent placer leur photo ou leur nom en face de celle qui correspond à leur état du moment sur la fusée. Ce serait l’occasion d’en parler pour éventuellement trouver une solution tous ensemble si cette émotion perturbe le groupe (ou l’enfant tout seul), ou à défaut, en tenir compte dans notre attitude face à l’enfant
Ajout du 08/07/2020 :
Pour compléter cet article, je vous renvoie vers mes dessins des Mystik’s sur les émotions (c’est eux que j’ai utilisés pour ma fusée), ainsi que vers le rallye-lien C.P.B. du blog Ma maitresse de CM1-CM2 !
Je terminerai par quelques-uns des albums que je lirai à mes élèves pour aborder ces émotions. Je les ai commandés et les attends avec impatience !