Il y a quelques années, j’ai été en remplacement dans un CE1 bilingue occitan (langue régionale du sud de la France, pour celles et ceux qui ne connaitraient pas) !
Ça a été l’occasion pour moi de découvrir une pédagogie d’enseignement des langues très éloignée de celle qui nous était proposée pour l’anglais.
En anglais, on nous parle souvent de flashcards, de petits jeux (le jeu de kim, le bingo, le mémory), de chansons…
En occitan, il s’agit de mettre les enfants en immersion dans la langue à travers des histoires contées.
Pour cela, il y a plusieurs étapes :
La première, celle de la contextualisation : elle permet de donner aux enfants une idée de la globalité de l’histoire et une approche de son déroulement.
L’enseignant et les élèves forment une ronde et sont debout. Le maitre doit voir tous les élèves et tous les élèves doivent le voir. L’enseignant va ensuite raconter l’histoire en changeant de place en fonction du personnage qu’il joue. Très souvent, il faudra retravailler le texte de l’histoire pour le simplifier au maximum et ne garder que les structures langagières que l’on veut faire travailler :
- Position de départ, l’enseignant est narrateur, il a les bras croisés, les élèves écoutent mais ne répètent pas.
- L’enseignant se décale sur la gauche : il joue le personnage principal. (style direct)
- L’enseignant se décale vers la droite : il joue un personnage secondaire. (style direct)
Dans un premier temps, les élèves vont simplement écouter et observer l’enseignant raconter (le mime est très important). Ils vont alors faire des hypothèses de sens et des associations (« a yellow duck, c’est peut être un oiseau« ), essayer d’imiter l’enseignant et ses gestes (ne pas hésiter à les encourager à le faire). A aucun moment l’enseignant ne traduit. C’est pour cela qu’il est très important de prendre le temps de changer de place entre les personnages et de parler lentement !
Cette étape de contextualisation est à mener sur plusieurs séances, jusqu’à ce que les élèves soient capables de parler à la place de l’enseignant (collectif).
La deuxième, celle de la décontextualisation : elle permet la vérification des hypothèses de sens.
L’enseignant va, cette fois, raconter l’histoire en s’appuyant sur un mural sur lequel il va placer tout en racontant l’histoire, les flashcards des personnages, des objets clés.. ainsi, les enfants vont pouvoir vérifier les hypothèses qu’ils avaient faites pendant la contextualisation (« ah non, un yellow duck c’est un canard !« )
D’abord en collectif, les enfants viennent placer les flashcards dans l’ordre de l’histoire, en racontant ce qui correspond à l’image affichée (« yellow duck » ou « I see a yellow duck looking at me » pour les plus à l’aise).
Ensuite, on travaillera en sous-groupes, chaque petit groupe devra jouer un personnage (chaque élève du groupe interviendra tour à tour)
Le but est d’aller du collectif à l’individuel, c’est à dire qu’à la fin, on doit pouvoir raconter l’histoire avec un enfant dans le rôle d’un personnage.
A l’issue de cette deuxième phase, on attaquera la troisième et dernière phase : la recontextualisation.
Il s’agit alors de lire l’album d’où est tiré l’histoire.
Pourquoi tout ça ? Eh bien, dans l’école où j’étais, les enseignants se sont lancés dans la DNL (Discipline Non Linguistique). L’objectif est d’assurer les séances d’arts visuels en anglais. Histoire de faire baigner les enfants un peu plus dans la langue de Shakespeare !
En CP-CE1, on essaie très modestement de mettre ça en place, mais on s’est dit qu’il fallait que les enfants aient un bagage linguistique minimum.. Nous avons donc préparé des séquences d’anglais basées sur la pédagogie utilisée par le cursus bilingue occitan, en partant d’albums en anglais !
J’ai choisi de me lancer dans un travail sur les couleurs, et notamment, couleurs primaires et secondaires.
Pour cela, en anglais, j’ai prévu de travailler sur l’album « Brown bear, brown bear, what do you see ? » de Bill Martin Jr et Erix Carle : c’est une première introduction des couleurs, les animaux sont faciles à mimer et la structure très répétitive (voire un peu trop pour des CE1, mais avec les mimes, ils restent impliqués). C’est ce que je travaille cette semaine en faisant un peu d’anglais tous les jours.
J’introduirai ensuite le reste du vocabulaire des couleurs dont j’aurai besoin pour ma séquence d’arts visuels avec l’album « Mouse Paint » de Ellen Stoll Walsh. Les élèves y découvriront comment fabriquer les couleurs secondaires à partir des couleurs primaires ainsi que le verbe « to mix ».
Aujourd’hui, je vous propose ma séquence sur l’album « Brown bear, brown bear, what do you see ? » !
Séquence – Brown bear what do you see (-> Version modifiable)
Article très pertinent qui va m’aider dans ma réflexion cet été sur l’enseignement des LV.
Je découvre ton article seulement aujourd’hui. Méthode intéressante ! La poursuis-tu ?
Non pas continué depuis que je suis en maternelle, mais je voulais m’y replonger pour voir comment l’adapter aux petits pour leur permettre de côtoyer la langue anglaise un peu plus que ce que je fais actuellement 🙂
C’est très interessant ,merci pour ce partage ! T’es tu penché sur les maternelles finalement ?
Est ce que cette méthode fonctionnent pour les PS ? Quel album tu conseillerais ? meme un album en français
J’ai utilisé cette méthode ( méthode Artigal) dans des classes bilingues breton-français pdt plusieurs années et en classes maternelles aussi et surtout ! Un vrai bonheur!
C’est très interessant ,merci pour ce partage ! T’es tu penché sur les maternelles finalement ?
Est ce que cette méthode fonctionnent pour les PS ? Quel album tu conseillerais ? meme un album en français
J’avais déjà vu ton article mais je n’avais pas pris le temps de laisser un commentaire… Je suis PE en école bilingue français/òc et je suis ravie que cette méthode en inspire plus d’un.e ! 🙂 merci pour le partage !
Très sympa ces conseils,
Merci!